Le Cameroun lance la campagne de l’Union africaine sur le mariage des enfants
Le 18 novembre, le Cameroun est devenu le 16
ème
pays à lancer la campagne de l’Union africaine pour mettre fin au mariage des enfants en Afrique, intensifiant ainsi ses efforts pour mettre fin à une pratique qui affecte 38 % des filles dans le pays. Lors du lancement, le gouvernement a été rejoint par le FNUAP, l’UNICEF, Plan International et d’autres partenaires. La ministre de la Promotion de la femme et de la famille s’est joint à plus de 100 jeunes filles du pays pour chanter en chœur en célébration de la campagne de l’Union africaine pour mettre fin au mariage des enfants.
Siké Billé, directrice de l’Association de Lutte contre les Violences faites aux Femmes (ALVF) au Cameroun, membre de Filles, Pas Epouses, a souligné l’impact positif du lancement de la campagne :
« La question du mariage précoce et forcé a progressivement été portée à l’attention internationale. Le gouvernement camerounais s’est élargi pour inclure une ministre de la Promotion de la femme et de la famille, et une ministre de l’Éducation de base. Cela a prouvé que le Cameroun commençait à reconnaître la pratique des mariages précoces et forcés qui touche les filles de notre pays.
« Aujourd’hui, en 2016, le lancement de la campagne de l’Union africaine dans notre pays représente une victoire pour les militants qui travaillent depuis l’an 2000 pour mettre fin à cette pratique. Il prouve également que le Cameroun est prêt à rendre compte à l’Union africaine des progrès réalisés jusqu’ici en ce domaine. »
Concernant la durabilité de la campagne, Siké a souligné l’importance de la sensibilisation et de la mise en œuvre au niveau local pour que le lancement soit couronné de succès :
« Actuellement, la campagne n’est pas bien connue des populations, à part celles vivant à Yaoundé, capitale politique du Cameroun. Pour ceux d’entre nous qui vivent dans les provinces, les informations ne parviennent pas au niveau micro. Il serait important pour la société civile et le gouvernement d’aller ensemble dans les 10 régions du pays et d’expliquer la campagne à la population. »
Justine Kwachu, directrice de Femmes dans l’Action Alternative au Cameroun, a également réagi au lancement de la campagne :
« C’est une occasion pour les membres de Filles, Pas Epouses au Cameroun de participer aux activités de la campagne au-delà du lancement et de s’assurer que la stratégie nationale est efficace et mise en œuvre par toutes les parties prenantes. »
« Je crois que les efforts déployés par notre pays pour mettre fin au mariage des enfants en Afrique ont créé un changement de mentalités, surtout en ayant à affronter un problème qui a totalement gangréné notre tissu social. Avec la sensibilisation des organisations de la société civile, y compris les membres de Filles, Pas Epouses, et les engagements du gouvernement ainsi que le soutien des partenaires de développement, je suis convaincue que cette pratique prendra bientôt fin. Nos petits-enfants entendront parler du mariage des enfants comme une histoire du passé et n’auront jamais à le subir eux-mêmes. Lorsque cela se produira, nous aurions atteint notre objectif commun : garantir que les filles atteignent leur plein potentiel. »
Le mariage des enfants au Cameroun
- Avec 38 % des filles mariées avant leur 18ème anniversaire, le Cameroun présente l’un des taux de mariage d’enfants les plus élevés au monde (UNICEF, Situation des enfants dans le monde, 2016).
- 79 % des femmes âgées de 20 à 24 ans sans éducation et 45 % ayant achevé le cycle primaire étaient mariées à 18 ans.*
- Jusqu’en juillet 2016, l’âge légal du mariage au Cameroun était de 15 ans pour les filles avec une autorisation parentale, et de 18 ans pour les garçons. En juillet 2016, une nouvelle loi est entrée en vigueur interdisant aux garçons et aux filles de se marier avant l’âge de 18 ans.
- Bien que l’âge légal pour les filles et les garçons soit maintenant de 18 ans, la pratique se poursuit encore dans de nombreuses régions.
Comment le Cameroun affronte-t-il le mariage des enfants ?
- En juillet 2016, le nouveau code pénal, en vertu de l’article 356, rend le mariage forcé passible de cinq à dix ans de prison et d’une amende de 25 000 à 1 000 000 de francs CFA (de 50 à 2 000 dollars environ). Toutefois, cela requiert une mise en œuvre efficace, car l’approche juridique à elle seule ne suffit pas. Les services éducatifs et sanitaires sont essentiels pour mettre fin totalement à la pratique du mariage des enfants.
- Le « Club des maris » a été créé en 2015 avec le soutien du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), afin de maintenir une présence masculine positive dans les communautés.
À propos de la campagne de l’Union africaine pour mettre fin au mariage des enfants
Lancée en mai 2014, la campagne de l’Union africaine pour mettre fin au mariage des enfants vise à accélérer le changement dans toute l’Afrique en encourageant les gouvernements à élaborer des stratégies visant à sensibiliser au mariage des enfants et à atténuer ses effets néfastes.
Elle vise plus précisément à :
Initialement prévue pour durer deux ans, la campagne a été étendue jusqu’à 2017 au moins. Seize pays – le Burkina Faso, le Cameroun, le Tchad, la République démocratique du Congo, l’Éthiopie, l’Érythrée, le Ghana, Madagascar, le Mali, le Niger, le Sénégal, le Soudan, la Gambie, l’Ouganda, le Zimbabwe et la Sierra Leone – ont lancé la campagne jusqu’à présent, et d’autres lancements sont prévus plus tard cette année et en 2017.
- Identifier l’impact socio-économique du mariage des enfants
- Promouvoir une mise en œuvre efficace des instruments juridiques et politiques de l’UA et soutenir les mesures politiques
- Supprimer les barrières et les blocages à l’application de la loi
- Augmenter la capacité des acteurs non étatiques à entreprendre des actions de plaidoyer factuelles
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